De l’eau douce, des terres profondes, un climat et une position stratégique, l’île Milliau a vraisemblablement toujours été occupée par l’homme.
Premières occupations
La présence d’une allée couverte témoigne d’une présence humaine au Néolithique, c’est à dire il y a plus de 6000 ans.
Il semble que l’occupation humaine se soit poursuivie avec les Celtes.
Evangélisation
Au VIème siècle, un moine du nom de Milliau venu du Pays de Galles ou d’Irlande, y aurait séjourné avant d’entreprendre l’évangélisation du Trégor et de fonder la paroisse de Ploumilliau. Une cellule monastique pourrait témoigner de sa première installation.
On possède peu d’information sur la période du Moyen-Age, si ce n’est que le premier corps de ferme daterait de cette période.
Les moines de Bégard
Les Ducs de Bretagne auraient fait don de l’île aux moines de Bégard au XIIIème siècle. Mais ce n’est qu’à partir de 1493 qu’apparaissent les premiers fermiers. Ces derniers exploitaient l’île contre paiement d’une rente féagère. Cette somme assez conséquente pour l’époque témoigne de la qualité des terres de Milliau. C’est à cette époque que furent construits les premiers éléments du corps de ferme actuel.
Lucie Jourdan
En 1791, l’île Milliau est vendue pour la somme de 5100 livres, et passe entre les mains de divers propriétaires. Mais en 1911, le Comte de Carcaradec la cède à Mademoiselle Uro-Lalès, dite Lucie Jourdan, actrice à Paris. Liée à un grand magnat de la presse parisienne, elle fait construire une villa à l’ouest de l’île.
En 1919, elle fait notamment la rencontre d’Aristide Briand, Président du Conseil, prix Nobel de la paix et fondateur de la Société des Nations. Commence alors une vie mondaine pleine de célébrités, jusqu’à sa mort en 1932 se succèderont fêtes et réceptions où converge le Tout-Paris.
En marge de ces mondanités, le ferme de Milliau continue son activité grâce aux ouvriers agricoles qu’emploie Madame Jourdan.
Après la mort d’Aristide Briand, l’île tombe en désuétude, sa propriétaire n’y séjournant qu’occasionnellement.
Au cours de la seconde guerre mondiale, la maison de Lucie Jourdan est occupée par les allemands. Après leur départ, la maison restera inhabitée et subira de nombreux actes de vandalisme.
En 1984, le Conservatoire du Littoral en fait l’acquisition, lance un programme de restauration et en confie la gestion à l’APEGIT (Association pour la Protection, l’Etude et la Gestion des Iles Trégoroises). Des objecteurs de conscience s’installent dans la ferme, restaurée en 1986-87, et ont en charge l’entretien de l’île et l’accueil des personnes venant séjourner dans les gîtes d’étape aménagés dans le corps de ferme.
En 1998, la gestion du site et des gîtes est confiée à la commune de Trébeurden. Dans un souci de n’utiliser que des énergies renouvelables, l’île fonctionne en parfaite autonomie grâce aux panneaux solaires qui fournissent l’électricité et au forage qui alimente le site en eau potable. Les gîtes sont aussi entièrement restaurés et réaménagés en partie avec du mobilier des fermes du Trégor. Un gardien se charge de l’entretien du site et des gîtes, de l’accueil des gîteurs, et des visites guidées qu’il organise sur l’île.
Septembre 2009, le Conservatoire du Littoral décide la destruction de la maison de Lucie Jourdan en raison de son état de délabrement et de l’absence d’intérêt architectural. 3 semaines de travaux seront nécessaires pour raser cette demeure, audacieuse pour son époque tant au niveau architectural que dans les matériaux utilisés.
Une stèle d’interprétation en hommage à Aristide Briand située face à la plage de Pors Termen sera inaugurée en mars 2012.
Vieille de plus de 300 millions d’années, l’île Milliau est taillée dans le granite rose.
Ses dimensions : 1 km de long et 300m de large au plus, 52m de hauteur et une surface de 23 hectares, en font alors la plus grandes des îles trégoroises.
La flore
275 espèces végétales ont été répertoriées et réparties en fonction de l’orientation. En effet, sur le versant Sud-Ouest (versant marin) le vent et les embruns imposent leur loi, la végétation ne se développe que très peu, aussi on y trouve plutôt des ajoncs, de la bruyère…Alors que sur le versant Nord-est (versant continental) on trouve des chênes, châtaigniers, mais aussi des fleurs comme les arums, narcisses, primevères, jacinthes…
La faune
Les fourrés abritent merles, rouge-gorge, grives,…tandis que les marées découvrent de vastes estrans, terrains de pêche des goélands, aigrettes, hérons,…
Du côté des mammifères, outre les petits rongeurs (types mulots) et les prédateurs, l’espèce la plus caractéristique de Milliau est sans doute le lapin de garenne. Sa population très saine est régulée par la présence d’un couple de renards. Ce système « prédateur-proie » est en équilibre puisque les jeunes renardeaux, sitôt arrivés à maturité sont chassés par leurs parents vers le continent. A noter aussi la présence des crapauds, de salamandres tachetées, et parfois même de loutres, mais leur présence est beaucoup moins régulière.